Enseignante en arts plastiques de formation née aux Îles de la Madeleine, j’ai toujours apprécié les dessins d’enfants, notamment pour leur défaut de perspective et leur choix de couleur. Je m’inspire de l’art naïf, du gribouillage et schématisme libre et décomplexé des dessins d’enfants pour créer des œuvres qui rendent hommage à la faune, la flore, au territoire.
Je m’impose aléatoirement des contraintes motrice, visuelle, temporelle ou chromatique. Ces contraintes, entres autres dessiner de la mauvaise main ou à l’aveugle, m’obligent à miser sur le processus et non sur le résultat et à créer en ayant du plaisir, comme un enfant qui considère le dessin comme un jeu. Cette notion d’inconnu du résultat ou l’indétermination, consiste à poser une action dont le résultat est inconnu en utilisant des procédés du hasard.
Le manque de contrôle dans les choix et dans les gestes sont contraires à mon côté perfectionniste : même avec toute la volonté de vouloir contrôler le dessin, il devient impossible de réaliser des gestes précis avec les contraintes. Je privilégie la méthode systémique qui se rapproche de la recherche scientifique (à l’instar de la numérotation de chaque dessin, l’utilisation de codes de couleurs et les observations écrites sur un post-it). Cette démarche témoigne de la place qu’occupe le hasard dans le processus créateur et des résultats inattendus qu’elle peut engendrer.